Lecture de la semaine: “L’équation africaine” de Yasmina KHADRA
A la suite d’Une si longue lettre, la lecture de la semaine nous emporte pour ce numéro dans une Afrique complexe. L’auteur nous fait voyager de l’Allemagne aux rivages des côtes soudanaises et nous plonge dans la vie de couple de son personnage principal Kurt. Une traversée pleine de rebondissements et remplie de découverte et d’enseignements. Prenez l’envol pour découvrir un aperçu de notre coup de cœur, “L’équation africaine” de Yasmina Khadra publié en 2011 aux éditions Julliard. Êtes-vous prêt ? Allons-y !
Sommaire
Lecture de la semaine : Yasmina Khadra à l’honneur
L’auteur de la semaine signe ses œuvres sous son nom d’emprunt Yasmina Khadra, deux prénoms de son épouse. De son vrai nom Mohammed Moulessehoul, il est un écrivain algérien né en 1955 dans le Sahara algérien. Ex-officier de l’armée algérienne, il est mondialement reconnu pour sa trilogie Les Hirondelles de Kaboul, L’Attentat et les Sirènes de Bagdad. Sa plume analyse les contrastes identitaires et regards croisés entre l’Occident, l’Orient et l’Afrique. Découvrez ici la bibliographie complète de l’auteur à l’honneur dans ce nouveau numéro de la lecture de la semaine.
La lecture de la semaine en bref
Une expédition vers la désillusion
Kurt est un docteur qui a sa petite vie tranquille de bourgeois et son lot quotidien. Un soir, de retour du travail, il découvre le corps sans vie de sa femme dans la salle de bain. Anéanti et dépourvu de l’être qu’il aimait le plus, il se perdit dans son deuil. Pour l’aider à remonter la barre, son ami Hans (qui a aussi perdu sa femme) lui propose de l’accompagner aux Comores pour une aide humanitaire à bord de son bateau.
Il débute ainsi sa thérapie mais le destin en décida autrement. Un soir comme les autres, des pirates attaquèrent leur bateau, font prisonniers Hans et lui et jeta à la mer leur cuisinier.
Kurt est violemment extirpé de son milieu de confort et fait face au ‘’supposé vrai visage de l’Afrique’’. Il dut entreprendre un nouveau mode de vie. Prisonnier dans un pays étranger, il fait la rencontre de trois personnages qui lui feront voir les choses autrement.
Joma, Chaolo et Bruno : 3 visages types en Afrique
Son ami et lui se retrouvent ballotés entre plusieurs prisons. Ils reconnaissent la dureté de leur vie qui ne vaut pas plus que celle d’une mouche. Joma, l’un des ravisseurs, a horreur des étrangers occidentaux qui les tiennent responsables pour les violences et la pauvreté en Afrique. Pour lui, capturer ces étrangers, c’est se venger et venger son pays. Par contre, les autres ravisseurs pensent récupérer de l’argent.
Kurt dut s’accommoder. Quelques jours après leur arrestation, ils sont emmenés au camp, un désert de sable à perte de vue qui dissipe toute volonté de fuite. Ils font la rencontre de Bruno, un français fait prisonnier comme eux. Bruno lui raconte ses quarante années d’expériences en Afrique et essaye de lui faire voit la beauté de l’Afrique cachée derrière le rideau de la violence et de la mort.
Ils sont emmenés en voiture par Joma et Chaolo. Après des heures de conduite, Chaolo contre toute attente demande à Joma de libérer les prisonniers. Ne comprenant plus le but de toute cette violence, il essaye de faire comprendre à Joma qu’ils ne sont pas responsables de ‘’ses malheurs’’. La réaction de Joma entraina la mort de Chaolo et la sienne.
Désolation et espoir : le paradoxe africain entre deux pôles existentiels
Livrés à eux-mêmes dans le désert, Kurt et Bruno reprirent la route. Ils rencontrent un convoi de personnes en difficulté escortées pas des bénévoles de la Croix-Rouge. Sur la route allant au camp de la Croix-Rouge, Kurt analyse la situation de toutes ces personnes dans une énième discussion avec Bruno. Celui-ci essaye de lui faire voire le bon côté des choses.
Là où Kurt (et l’occident dans sa globalité) voit la famine et la désolation :
“Ce continent a un grave problème de non-gouvernance (…), je ne vois qu’exodes, razzias, viols et clochardisation d’un peuple sans dieux ni mérites, livré aux voleurs et aux tyrans génocidaires, et ça, c’est pire que la mort” ;
Bruno (en véritable connaisseur au cœur africain) voit de l’espoir :
“L’Africain sait que sa vie est son bien précieux. Le chagrin, les joies, la maladie ne sont que pédagogie. L’Africain prend les choses comme elles viennent sans leur accorder plus d’opportunité qu’elles ne le méritent (…), sa sagesse amortit ses déconvenues.”
L’amour triomphe et son cœur s’éprit de l’Afrique
Malgré cet échange houleux, Kurt au fil du temps commence à changer sa vision des choses au-delà de tous les drames qui l’entourent. Il rencontre sans le reconnaitre l’amour et débute une idylle avec Elena, une bénévole de la Croix-Rouge. De retour chez lui avec le corps sans vie de Hans abattu dans une embuscade, il n’arrive ni à tourner la page ni à retrouver sa place au sein de sa communauté.
Après la lecture du mail envoyé pas Elena, il prend conscience qu’elle est la clé de sa guérison. Il se rappela la phrase du guerrier-marabout :
“Pourquoi es-tu triste? Tu ne devrais pas. Seuls les morts sont tristes de ne pouvoir se relever” ;
Et celle de Bruno :
“Celui qui voit l’Afrique qu’une seule fois dans sa vie mourra borgne”.
Il déclara :
“Et je suis vivant. Je respire, je m’émeus, je réagis, je rêve (…), je suis aux anges. Non je ne mourrai pas borgne. Et je saurai partager pour accéder à la maturité”.
Il repart au Darfour comme bénévole de la Croix-Rouge laissant derrière lui sa vie de bourgeois. Kurt trouva enfin sa voie dans une Afrique qu’il peignait en noir et qui l’a rendu mature. Il se souviendra de ces vers de Joma :
“Vis chaque matin comme s’il était le premier et laisse au passé ses remords et méfaits.
Vis chaque soir comme s’il était le dernier car nul ne sait de quoi demain sera fait”.
Lecture de la semaine: un bouquin à savourer
En cette saison pluvieuse, tenez-vous au chaud. Laissez-vous réchauffer au bord du vaisseau de Kurt. Vous vous reconnaitrez peut-être dans l’un de ses compagnons d’aventure. Il vous appartient dorénavant de ne plus rester borgne sur les réalités africaines. Que vous soyez d’ici ou d’ailleurs, l’équation africaine aux multiples facettes et inconnus vous interpelle. A la prochaine dans un autre numéro de La lecture de la semaine.
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J’ai aimé l’article. Il transcrit les réalités que nous vivons en Afrique. Il y a l’Afrique violente et pauvre que les médias surtout de l’occident vendent, et l’Afrique belle, forte aux peuples exceptionnels et plein d’espérance. Je lirai L’équation africaine. Merci beaucoup.