La démocratie empêche-t-elle le développement prospère de l’Afrique ?
L’évolution d’une nation résulte aussi de son régime politique et de son organisation. Plusieurs pays africains suivent les principes de la démocratie dans l’objectif de propulser leur richesse économique à l’échelle mondiale. Malgré l’adoption de cette forme de gouvernance, aucun changement digne du nom n’a encore été relevé. L’Afrique est toujours dans le sous-développement. Quelle est alors la place de la démocratie dans le développement de l’Afrique ? Est-elle la cause de son sous-développement ?
Sommaire
Clarification conceptuelle de la démocratie
La démocratie vient de deux mots grecs « Demos » qui veut dire peuple et « Kratos » qui signifie pouvoir. La démocratie désigne donc le pouvoir du politique dans lequel le pouvoir appartient au peuple. Autrement dit, c’est un régime politique dans lequel le peuple est associé à l’exercice des plus grandes responsabilités. C’est dans ce sens que Abraham Lincoln la définit comme « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ». Selon Jean Jacques Rousseau, c’est le régime dans lequel le peuple est à la fois prince et souverain.
En effet, deux formes démocratiques sont adoptées dans le monde. Il s’agit en premier lieu de la démocratie directe. Elle est prônée par Rousseau et constitue la forme dans laquelle le peuple exerce directement le pouvoir sans délégation et sans intermédiaire au cœur. La démocratie indirecte quant à elle est prônée par Montesquieu. Elle consiste en un exercice indirect du pourvoir par le peuple à travers des délégués qui doivent lui rendre compte périodiquement. Ces deux formes démocratiques présentent 3 principales différences.
La démocratie face aux réalités de l’Afrique
Chaque continent a ses propres réalités selon ses cultures. La démocratie telle que prônée par Rousseau est trop idéaliste et donc semble irréalisable et utopique. C’est ce que semble d’ailleurs reconnaître Rousseau lui-même lorsqu’il soutient que pour être vraie, la démocratie doit être pratiquée par un ange-peuple. Malheureusement, ce genre de peuple n’existe pas encore sur terre et par conséquent, la réalisation et l’avènement de la démocratie est impossible. D’abord, elle ne répond pas aux réalités de l’Afrique. Car celle-ci s’est enracinée dans ses cultures endogènes. Il faudra donc penser à mettre en place un régime politique qui s’adapte aux mœurs et aux coutumes des Africains.
Ensuite, le régime démocratique exercé en Afrique ne respecte pas le peuple dans leur prise de décision. Les choses qui doivent être dites, précisées et limitées ne le sont pas. Ainsi, le risque est assez grand d’avoir un conflit d’intérêts entre le pouvoir exécutif et législatif. Chaque gouvernant bâtit son mode de gouvernance comme il l’entend pour gruger le peuple.
En outre, la valorisation des cultures africaines est reléguée au second plan. Le peuple se trouve alors face à un régime qui ne considère par son origine et son identité. L’identité d’une nation fait d’elle un peuple unique et authentique. Toutes les actions qui doivent être menées doivent prendre appui sur les conditions de vie culturelle du peuple pour leur sortie de la précarité.
D’emblée, la démocratie est exercée à l’occidentale en Afrique et constitue donc une manière de renforcer l’idéologie néolibérale. Les richesses culturelles des peuples sont contradictoires à ce régime politique. Il y a plusieurs possibilités de faire une démocratie respectueuse des réalités africaines.
Des pays comme le Bénin ont fait des avancées dans ce sens en constitutionnalisant la chefferie traditionnelle. Il s’agira d’aller au-delà d’une telle mise à jour de la Loi fondamentale pour installer une véritable cour des sages gardiens des valeurs endogènes culturelles et cultuelles qui opinera sur les grandes décisions et conseillera les gouvernants et le peuple sur les orientations de développement sans mettre un quelque costume politique. Cela est possible parce qu’en vérité, la démocratie n’est pas étrangère à l’Afrique.
La démocratie, une notion ancienne à l’Afrique
Pour certains, la démocratie est une notion étrangère à l’Afrique. Partant de sa définition, il faut reconnaître que c’est le peuple même qui choisit celui qui doit le gouverner. C’est lui-même qui définit les lois qui doivent régir le mode de fonctionnement du chef de l’État. Même si c’est un gouvernement représentatif et réactif, c’est une démocratie.
De fait, un grand nombre de systèmes de gouvernance traditionnelle d’Afrique sont démocratiques. Pour preuve, le système de gouvernance traditionnelle des Yorubas et des Akan au Ghana est une forme d’expression démocratique exemplaire, car, bien que ces royaumes soient monarchiques, ils sont également représentatifs, participatifs et ont un équilibre de pouvoir. Ce sont des modèles qui peuvent être améliorés par les spécialistes du droit dans une approche socio-historique. Nous pourrions donc dans un avenir proche concevoir une couture africaine de la démocratie respectueuse de nos valeurs. Encore faudra-t-il que cette démocratie apporte le développement.
Quelle démocratie pour le développement ?
Il y a évidemment de nombreuses pistes pour répondre à cette question. Mais en Afrique, il est connu de tous au regard du retard du développement économique, que la sortie du désert passera par le tunnel de la bonne gouvernance. A la vérité, la démocratie n’est véritablement vectrice de développement que lorsque la bonne gouvernance devient une exigence sacro-sainte à laquelle les gouvernants choisis vouent un culte pieux.
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Autour de nous ou sous d’autres cieux, il y a bien des nations démocratiques développées. N’est-il pas légitime de remarquer qu’en réalité, la démocratie n’est pas le problème ?
Mais elle est inutile sans la bonne gouvernance, surtout en Afrique. Nous pensons à tort que la recette démocratique se limite aux droits et libertés. Mais la véritable démocratie est d’abord économique. Chacun (le peuple) fait son travail et les élus gouvernent sans corruption, gabegie, clientélisme et terrorisme économique. Il n’y pas un lien mécanique et automatique entre démocratie et développement. Il faut certains liants comme la bonne gouvernance et le respect des valeurs culturelles et cultuelles africaines.
C’est une question qui ne peut être épuisée en un seul article. Nous espérons avoir apporté une petite lumière sur la place de la démocratie dans le développement de l’Afrique. Dites-nous ce que vous en pensez. Cet article vous a-t-il été utile ? Aidez-nous à le partager avec vos amis afin que nous soyons tous mieux informés et éduqués. Vous pouvez aussi l’imprimer et le distribuer à vos amis. Suivez-nous sur notre blog et sur Facebook pour ne rien manquer de nos actualités. A très bientôt.